Principes et objectifs de l'URSA : une présentation par sa fondatrice, le Docteur Niox-Rivière.

Extrait du Papier de verre n°1 – 1992

QU’EST-CE QUE L’URSA ?

PAR LE DR NIOX-RIVIERE

Au fil des années, nous avons pris conscience de la nécessité, pour certains patients, d'avoir la possibilité, en dehors des consultations du suivi, de recadrer leur existence à partir du lieu de leur rétablissement en renouvelant des liens quasi sensoriels, cette fonction de va-et-vient entre l'hôpital et l'extérieur ayant pour but d'aider le malade alcoolique dans sa capacité à l'effort de changement concernant sa croyance envers le toxique et sa vie.

Pour envisager une extension des activités de l'unité d'alcoologie, il était nécessaire de disposer, au sein de l'hôpital, d'un espace suffisant qui permette aux soignants de diversifier les offres thérapeutiques et aux soignés d'assurer des groupes d'information et de convivialité. En 1984, après de très nombreuses démarches administratives, une salle de réunion a été attribuée et réservée à l'alcoologie. Le projet de L’URSA, association loi 1901, pouvait enfin aboutir.

Cette association, dont le conseil d'administration est composé à égalité de soignants et de soignés, a pour origine le désir d'une complémentarité entre l'équipe soignante et un groupe de rétablis, dans le but de prendre en compte à la fois l'expérience professionnelle et le vécu de ceux qui ont connu des difficultés avec l'alcool.

L'URSA fonctionne depuis sept ans. La cotisation des adhérents est destinée à subvenir aux frais des activités, à l'achat de matériel pour améliorer le champ d'action de l'association ou le confort des participants. Les membres se réunissent quatre fois par an en assemblée générale. C'est l'occasion d'échanger suggestions et réflexions entre soignants et soignés et de partager le plaisir d'écouter un intervenant venu faire part de son expérience et de son savoir. La collaboration soignants-rétablis a permis l'organisation de diverses manifestations : « portes ouvertes » concert, réception de cinéastes, rencontres avec des professionnels de la santé.

L'objectif de l’URSA est également de favoriser la création de groupes de travail. Chacun est invité à essayer de réunir quelques personnes autour d'un thème de réflexion, ponctuel ou non. Cette activité reste encore assez restreinte, les vocations d'animateur ayant besoin d'être stimulées. Actuellement, quelques groupes fonctionnent régulièrement : lecture, cinéma, réflexion sur la culpabilité, entourage.

L'activité permanente et la plus importante est « l'accueil », destiné aux hospitalisés, aux sortants, aux anciens. Dans ce « bistrot sans alcool » est organisée une permanence bihebdomadaire, le jeudi et le samedi de 14 h à 18 h, par un noyau d'accueillants. Des membres de l'entourage ont également pris l'initiative de créer un accueil pour les proches, parents ou amis. Cet « accueil » est un lieu d'information, de communication, d'ancrage. Il n'a pas de doctrine. On vient écouter, parler, boire un café. Les passants viennent s'adresser à des semblables, qui jouent le rôle de récepteurs. Dans ce lieu de vie, les divergences d'opinion ont droit de cité mais doivent être émises dans un climat de tolérance. Cet « accueil » rassemble un monde disparate, où l'alcool gomme les différences des tableaux cliniques, chacun venant négocier sa souffrance comme il peut. On essaie de faire l'économie d'un nouveau voyage dans l'alcool en écoutant le récit de l'autre.

Nouveaux et anciens, tous contribuent au travail de leur propre rétablissement par des moyens purement humains. C'est l'effet du « double miroir ». Il est bien évident que cette société conviviale est source d'interrogations, réclame prudence et vigilance. Des conflits, des tensions sont susceptibles de survenir. Il est nécessaire de prévoir pour les accueillants la possibilité de rencontres avec les soignants pour exprimer leurs inquiétudes.

Stabiliser son problème d'alcool, c’est accepter qu'on ait besoin des autres, de leur reconnaissance et de leur aide.

L'URSA a sept ans. Avec les moyens dont elle dispose, elle doit, dans l'avenir, grâce à cette alliance soignants-soignés, apporter une contribution sérieuse à la recherche clinique, psychologique et sociale sur l'inquiétude et la souffrance humaine qui conditionnent les relations de l'homme et de l'alcool. Et ce journal est l'occasion pour chacun, selon sa formation, son expérience, de réfléchir et de s'exprimer.

 

Dernière mise à jour : 11 décembre 2009