« Garder le lien avec l'Accueil de l'URSA » : Didier, sceptique, en accepte le principe. De réunion en réunion, il en mesure les bienfaits. Découvrons l'histoire de cette abstinence dans le bien-être.

Extrait du Papier de verre n°21 – 2002

Mes samedis à Saint-Cloud

PAR DIDIER

Pas évident de franchir le seuil de la salle de l’URSA la première fois, moi qui suis timide, moi qui suis anti-association, moi qui fuis la foule. Pas évident du tout. Qui vais-je rencontrer ? Des alcoolos, des gens bizarres… Je n’ai rien à voir avec ce milieu.

Pourtant, en sortant de la cure de sevrage dans le service appelé pudiquement Médecine 1, je suis tellement anéanti après ce passage obligatoire que je suis docilement les conseils thérapeutiques des pros des méfaits du pot, et donc je me rendrai à ces réunions.

Réunions qui n’ont rien à voir avec celles d’autres groupes néphalistes, que je fréquentais avant ma cure et sans résultat. Groupes où les débats ou conseils se transforment quelquefois en psychanalyse sauvage aux répercussions fort fâcheuses pour des personnes très fragilisées par l’alcool.

Qui vais-je rencontrer ? Des gens comme moi, ou si différents de moi mais qui ont le même point commun : piégés par l’alcool. Je vais donc les écouter, ces gens. Ma sociabilité avec le groupe sera très prudente, très discrète, puis, peu à peu, des liens vont se créer. Je participe un peu plus aux échanges d’idées (tiens, celui-là, il picolait à cause de ça, et il ose le dire, et moi, c’était à peu près pareil, mais je n’osais pas en parler).

Peu à peu, le deuil de l’alcool, ma tendre et chère compagne, allumeuse permanente des bons et des mauvais moments, va s’amorcer. Le bien-être constaté dans l’éclosion de cette nouvelle tranche de vie, sans bonheur artificiel, va me forger une autre façon d’appréhender l’existence, de mieux digérer les aléas de la vie qui, hélas !, ne se sont pas évaporés avec l’abstinence.

Maintenant, je prends plaisir à participer à ces réunions, aux randonnées du premier dimanche du mois, et quand un empêchement ou des congés m’éloignent de Saint-Cloud pour quelque temps, la nostalgie du groupe émerge, mais s’évanouira d’ailleurs aussitôt après avoir téléphoné pour prendre des nouvelles ou après avoir envoyé une petite carte pour rassurer les amis, toujours soucieux du devenir de chacun et de la maudite peur de la rechute. Rechute dont on peut d’ailleurs se préserver en observant les règles élémentaires : abstinence et fréquentation régulière du groupe. Lors de ce pèlerinage hebdomadaire, je n’oublie pas d’aller rendre hommage à ce brave Clodoald, qui repose dans son superbe écrin architectural dressé sur le flanc de la colline de Saint-Cloud, et dont j’ai découvert le riche patrimoine culturel, historique et spirituel pendant mon séjour à l’hôpital.

 

Dernière mise à jour : 11 décembre 2009